Au LaM, les ateliers de médiation évoluent au gré des expositions temporaires
Le musée du LaM est soucieux d’offrir au plus grand nombre un accès à la culture. Cette conviction se concrétise dans la « vulgarisation » du propos scientifique entretenu autour des collections. Le service des publics du LaM, aidé de ses médiateurs, redouble d’ingéniosité pour proposer une programmation culturelle qui s’adapte à chacun de ses visiteurs.
Article de Ambre Poidevin
Dépassant la visite guidée, le LaM se porte garant d’expériences qui rendent ses expositions intelligibles, autant sur les plans intellectuel que sensible, renforçant la réceptivité des publics à l’art contemporain, qu’ils soient « habitués des musées ou non[1] ». Le caractère évolutif est inhérent aux activités proposées par le LaM : nous pouvons le découvrir au travers de deux ateliers venus enrichir les deux expositions temporaires Lâme (7 octobre 2022 - 22 janvier 2023) et Chercher l'or du temps (14 octobre 2022 - 29 janvier 2023).
Accompagnés de Francisco Da Conceicao, intervenant régulier au LaM, les tout petits partent à la découverte du musée à l’occasion des « Petites notes de visite[2] ». Ces enfants, âgés de 18 mois à 2 ans, font leurs premiers pas dans le musée, il s’agit alors de les laisser s’exprimer au contact des choses qu’ils perçoivent. Obtenir et conserver l’attention de ce public est un challenge, d’autant plus lorsqu’ils ne peuvent toucher les objets devant eux. L’exposition Lâme, conçue par l’artiste Étienne Chambaud, se prêtait parfaitement à la visite du plus jeune des publics du musée. L’artiste a souhaité consacrer une des salles d’exposition à ses dessins d’enfant qu’il a voulu montrer à ceux qui peuvent le mieux les saisir. Les enfants ont ainsi pu apprécier les dessins sans avoir à solliciter leurs parents, leur laissant tout le loisir de déambuler entre les œuvres.
Dans la continuité de l’exposition, l’artiste a réalisé une installation qui place des animaux naturalisés, provenant des collections du musée d'Histoire naturelle de Lille, devant des paysages peints au XIXe siècle, empruntés au Palais des Beaux-arts de Lille. Ce travail est typique de la production de l’artiste qui nourrit une réflexion « sur la nature de l'œuvre d’art » qui « trouve son sens ou son intérêt dans un dialogue permanent avec les autres œuvres[3] ». S’inspirant d’autres œuvres de l’artiste qui sollicitent des sons de la nature, Francisco fait écouter aux enfants plusieurs sons produits par les animaux qui se cachent au sein de l’installation. Éveillant leur sens, les enfants se mettent alors à la recherche de ces derniers.
Suivant cette visite sommaire du musée, le moment est venu pour les enfants de s’exprimer à travers le même médium. Stimulant leur mémoire, ils sont encouragés à écouter des comptines et à ré-interpréter les sonorités entendues à l’aide de différents instruments de musique. En plus de familiariser les enfants à l’art, cette activité contribue à développer leur musicalité autour d’œuvres qui en sont remplies. Elle constitue également une introduction en douceur au musée et à ses normes. L’appropriation précoce de cet espace pourrait prévenir les difficultés que rencontrent certains jeunes à fréquenter les institutions culturelles.
L’autre activité, cette fois déployée à la suite de la visite de l’exposition Chercher l’or du temps, s’adresse autant aux férus d’histoire de l’art qu’aux personnes qui s’y intéressent pour la première fois. L’art contemporain constitue une entrée plus complexe que d’autres mouvements, davantage figuratifs notamment. Pour une exposition se penchant sur le surréalisme, consacrer un atelier au processus de création des œuvres est un moyen de les rendre plus accessibles. Donner la possibilité d’exercer les gestes (physiques et de l’esprit) qui ont conduit aux collections observées permet de mieux les appréhender.
Aidés du guide Xavier Ballieu et de l’écrivain Jean-Marc Flahaut, les participants ont pu expérimenter une écriture libérée de l’esprit. Une majorité de personnes ont éprouvé des difficultés à créer sans réfléchir ni contrôler ce qu’ils écrivaient. La seule règle à suivre était de prendre le temps nécessaire pour opérer ce basculement intérieur. En recomposant le hasard, chacun s’est constitué une production personnelle aux échos surréalistes.
Après quelques heures à réfléchir à la manière d’André Breton, le public sort du musée en ayant une compréhension accrue du mouvement surréaliste, étant en mesure d’apprécier davantage les réalisations de cette période. La collaboration entre le guide conférencier et l’écrivain fut ici fructueuse, et sera à priori renouvelée à l’occasion de prochaines expositions.
Le LaM déploie une programmation culturelle diversifiée et renouvelée à chacune de ces expositions temporaires. Que ce soit par des ajustements d’activités existantes, comme pour « Petites notes de visite », ou par la constitution de nouvelles interventions, le musée cherche à rencontrer les attentes de chacun de ses publics, en veillant à conserver l’accessibilité la plus large. Étudiants et professionnels de la culture, participer à de tels ateliers permet de se reconnecter aux attentes des publics qui sont bien loin d’être figées dans le marbre.
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[1] Rapport d’activités de l’année 2019, LaM Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, p. 18. URL : https://www.musee-lam.fr/sites/default/files/2020-08/20200721_2009_lam_ra-2019_05.pdf
[2] Site Internet du LaM. URL : https://www.musee-lam.fr/fr/petites-notes-de-visite
[3] BRUNNER Raphaël, « Étienne Chambaud », Les Cahiers de la Création Contemporaine. Consulté le 23/01/2023; URL : http://www.bugadacargnel.com/fr/artists/69467-etienne-chambaud
- Pour en savoir plus sur les ateliers du LaM, rendez-vous sur l’agenda en ligne du musée : https://www.musee-lam.fr/fr/programmation?tid=all&my=2023-06&period=now