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De quelle durabilité parle-t-on au musée ? Le cas du PBA de Lille

Le développement durable c’est l’ADN d’un musée » affirme le Palais des Beaux Arts de Lille sur son site internet. Dépositaire des oeuvres qui lui sont confiées, il a pour mission de les conserver pour les générations futures. Il lui faut pour cela relever les défis du monde contemporain. Fort de ces nouvelles idées, le Palais des Beaux-Arts de Lille s’est engagé dans une nouvelle politique éco-responsable. Cet effort prend forme dans le cadre d’une démarche écologique à l’échelle de la ville de Lille, qui a adopté l’objectif d’une “culture durable et partagée” lors du forum Eurocities 2022.

Article de Lillomusées

  • Élaboration d’un nouveau mode de production des expositions

Un premier point mis en cause par le Palais des Beaux-Arts de Lille est le système de grandes expositions temporaires régulières. Elles impliquent des prêts issus du monde entier et un déplacement des visiteurs sur de grandes distances. Il a donc été décidé de les réduire au nombre d’une tous les deux ans. Cela permet aux équipes de se re-concentrer sur le reste des collections, notamment pour la recherche, qui est une des missions des Musées de France.

Les expositions ne sont pas seulement réduites en nombre : elles sont éco-conçues. Les matériaux sont sélectionnés parce que leur cycle de vie est plus vertueux : bio-sourcés, respectueux de l’environnement, recyclables… Pour ce faire, le Palais des Beaux-Arts de Lille a fait appel à Atemia, une société qui a déjà travaillé avec la BNF et Universciences. Le réemploi et le recyclage sont favorisés, politique déjà mise à l'œuvre pour les expositions Expérience Goya (2021), La Forêt Magique (2022) et Prière de toucher (2022). Un quota d'œuvres étrangères a aussi été mis en place, et pour réduire le bilan carbone du transport, seules les œuvres européennes sont empruntées. Moins d’expôts sont mis en scènes à chaque exposition, ce qui n’a rien d’une tare puisque cela fluidifie le discours et diminue la fatigue muséale.

 

  • Passation de savoirs…dans une passoire thermique?

Le Palais des Beaux-Arts de Lille, comme de nombreux musées français nés au XIXe siècle, a la chance d’investir une bâtisse pensée dès l’origine comme un musée. Pour autant, ses dépenses énergétiques ne sont ni économiques, ni écologiques. Il est actuellement prévu un chantier d’isolation thermique des toitures de 2024-2026 et pour 2023 les éclairages des espaces d’exposition seront remplacés par des leds, plus économes en énergies.

Les espaces extérieurs sont également transformés pour être plus agréables, puisqu’ils se voient dé-artificialisés, végétalisés pour être plus agréables.

 

  • Pour une nouvelle gestion des collections

Les conditions de conservation sont aussi soumises à une analyse. La préservation d’une atmosphère réglementée (20°c, 50% d’humidité) est souvent indifférenciée, que les bâtiments contiennent ou non des œuvres. Or il est possible de « micro-manager » le climat autour des œuvres pour une moindre consommation d’énergie. Cela requiert une étude des besoins hygrométriques et climatiques de chaque oeuvre afin d’ajuster les machines régulatrices des réserves. À cela se combine une organisation rationalisée des réserves, un choix éthique des matériaux utilisés et l’usage de caisses modulables et ré-exploitables pour une conservation éco-responsable.

 

  • Minimiser l'impact environnemental, maximiser l'impact social

Un dernier effort qui peut être fait par le musée est la communication de son travail écoresponsable. C’est là une question de pédagogie. Parce que le musée est aussi un acteur social, il se doit de développer une conscience écologique chez ses publics et de communiquer sur ses propres pratiques. Pour ce faire, le Palais des Beaux-Arts de Lille accroche des panneaux indicatifs de choix de conception à chaque nouvelle exposition. C'est aussi l’occasion pour la structure muséale de sortir d’un prisme 100% histoire de l’art et d’offrir une autre lecture, contemporaine, des œuvres. Le Palais des Beaux-Arts de Lille a changé le nom de sa salle anciennement appelée “Paysage”, devenue “Paysage et pré-écologie” pour mettre en lumière cette nouvelle approche.

 

Le musée peut aujourd'hui développer un nouveau modèle de réussite, centré sur la responsabilité écologique, loin des files d’attentes à n’en plus finir composée de visiteurs venus du monde entier. Il a la possibilité de développer le discours d’une « sobriété heureuse », tel que le souhaite le directeur de l’établissement Bruno Girveau. Il peut le faire sans changer intrinsèquement sa politique, puisqu’il est un acteur concerné par deux types de durabilité : la durabilité de l’intégrité de l’objet et la durabilité écologique.

Sources :