Un an après - « La Grande Guerre à travers ses objets » : deux mois pour réaliser une exposition de A à Z
Les 11, 13 et 14 novembre 2023 s’est tenue à la mairie de Verlinghem une exposition sur la Première Guerre mondiale organisée par quatre étudiants du Master 2 Patrimoine et musées de l’Université de Lille (promo 2023-2024). L’exposition, intitulée « La Grande Guerre à travers ses objets », tentait de valoriser des objets qui racontent l’histoire des soldats ayant participé à ce conflit mondial. Avec un regard rétrospectif revenons sur cette exposition.
Article de Lucie Roessel
Deux mois ! C’est le temps qui s’est écoulé entre la naissance du projet d’exposition, pensé par Helena Correia, Noriane Vanden Broeck, Timothée Zwierzchiewski et Lucie Roessel, et sa présentation au public. Ce temps très court a nécessité efficacité et rigueur. Si la réalisation d’une exposition est régie par une méthodologie globale, celle-ci reste flexible selon le projet, les besoins, le budget ou encore le temps alloué. Revenons dans cet article sur les différentes étapes méthodologiques de la réalisation d’une exposition illustrées avec un retour d’expérience. Les grandes étapes à suivre sont la définition de l’exposition, l’élaboration du discours, la conception scénographique et enfin la présentation.
La définition du sujet
Dans un premier temps il est indispensable de définir la thématique abordée ainsi que les intentions de l’exposition. De manière générale, une exposition a pour but de montrer et transmettre un message. « La Grande Guerre à travers ses objets » avait pour objectif de transmettre l’histoire des poilus par leurs objets et uniformes. Présentée à Verlinghem, petite commune du Nord de la France, territoire marqué par ce conflit, l’exposition s’inscrivait donc dans le devoir de mémoire comme en témoigne l’accueil de plusieurs classes des écoles primaires de la commune pour des visites et ateliers.
Au début du XXe siècle, l’escalade des tensions entre les différentes nations entraînent un conflit sans précédent, la Grande Guerre. Le 2 août 1914, la France proclame son ordre de mobilisation qui conduit à l’habillement, l’équipement, l’armement et le transport de 3 000 000 d’hommes. La science et la technologie sont mises au service de cette guerre faisant d’elle une guerre moderne. L’équipement des armées évolue tout au long du conflit. S’adapter devient indispensable pour les soldats car vivre au front est épouvantable du fait de la brutalité des combats.
Dans quelles conditions vivaient les poilus ? Avec quoi se battaient-ils ? Comment s’occupaient les soldats dans les tranchées ? Alors que le centenaire de cette guerre est passé, les objets continuent de parler pour ceux qui ne sont plus. Du casque au savon, en passant par l’artisanat de tranchée, les objets sont le témoignage silencieux de plusieurs années de guerre.
L’élaboration du discours
La prochaine étape est l’écriture du discours. Il faut réaliser une sélection des objets qui seront présentés à l’exposition pour les réunir thématiquement.
Cette exposition a été conçue selon un parcours chrono-thématique plongeant le visiteur à travers l’Histoire et la brutalité de la guerre. Quatre grandes thématiques, « vivre », « s’équiper », « s’occuper » et « se battre », abordaient les différents aspects de la vie des soldats via la présence d’une centaine d’objets disposés dans huit vitrines. L’évolution de l’uniforme français au cours de la guerre était présentée par cinq mannequins, un fantassin de 1914, un officier de 1914, un cuirassier de 1914 avec son harnachement équin (selle et bride), un fantassin de 1915 et enfin un fantassin de la période allant de 1916 à 1918.
Le premier thème « vivre » abordait le quotidien des poilus à travers la nourriture, l’hygiène et la vie dans les tranchées. Au sein de la première vitrine, de nombreux objets étaient disposés autour d’un havresac ouvert, sac permettant le transport de ces derniers. Une deuxième vitrine montrait divers objets militaires et civils liés à l’alimentation : boîtes à vivres, ouvre-boîtes, gourdes et moulins à café. Enfin, une dernière vitrine présentait des objets liés à la vie quotidienne comme une pipe, un paquet de pansements, une montre à gousset, une lanterne à bougie, un téléphone de tranchée.
Avec le deuxième thème « se battre », les visiteurs ont pu contempler quelques baïonnettes françaises et allemandes ou encore un casque français Adrian et un casque à pointe allemand. Ce thème abordait également l’évolution du masque à gaz, du simple tampon au masque à cartouche.
La vitrine du troisième thème « s’équiper » exposait l’outillage que les soldats avaient à leur disposition pour découper des fils barbelés ou creuser des tranchées.
Le dernier thème « s’occuper » évoquait le temps libre des soldats dans les tranchées. Carte postale, jeu de cartes, dominos, nécessaire de couture étaient présentés aux côtés de l'artisanat de tranchée, objets créés et décorés artisanalement par les soldats.
La conception de la scénographie
La prochaine étape est l’élaboration d’un inventaire de l’ensemble des objets sélectionnés. L'inventaire est très important car il permet de compter exactement le nombre d’objets à déplacer et de pouvoir pointer leur sortie et leur entrée limitant ainsi les risques de perte.
L’étape suivante consiste à réaliser des essais de montage des objets dans les vitrines. L’objectif était de présenter au mieux les objets pour les visiteurs tout en facilitant le montage des vitrines.
Concernant la scénographie, le plus difficile est de réussir à placer intelligemment tous les éléments, à la fois vitrines, mannequins et affiches, au sein du petit espace disponible. Après avoir tracé un plan à échelle de la salle, il était plus évident de déplacer les vitrines, cimaises et mannequins, eux aussi découpés à échelle, sur la feuille. Le parcours a été pensé dans l’idée d’attiser la curiosité du visiteur. Un sens de circulation permettait de ne pas voir l’ensemble de l’exposition du premier coup d’œil.
La présentation de l’exposition
L’exposition étant destinée aux enfants et aux adultes, elle devait être le plus compréhensible et accessible possible. La réflexion autour de la médiation fut essentielle. Textes et cartels ont été conçus de manière que chaque visiteur, petit et grand, puisse comprendre le discours derrière les objets exposés.
Le bilan
Relayée par la presse comme La Voix du Nord, l’exposition a trouvé son public puisque ce sont plus de 400 visiteurs qui sont venus durant les trois jours d’ouverture. L’exposition a, en effet, rencontré à son échelle du succès comme en témoignent les nombreux commentaires laissés dans le livre d’or. Mener à bien ce projet, dont nous sommes fiers, fut une aventure riche en apprentissages et en expériences. Ce fut également l’occasion en tant qu’étudiants d’avoir une première expérience dans la conception d’exposition et de mettre un premier pas dans la vie professionnelle.
Pour en savoir plus
- Encyclopédie Larousse, Première Guerre mondiale, disponible en ligne sur : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Première_Guerre_mondiale/122569
- Jean-Pierre Vernay, La Première Guerre mondiale, Paris, Fleurus Édition, « Voir L’histoire », 2006, 80 p.