Texte sur bandeau
sur bandeau ligne 2

La collection Vanhaerents et son rêve lillois

Ou comment une des plus grandes collections du monde s’est retrouvée exposée au Tripostal ? Depuis quelques années, la collection Vanhaerents fait partie du top 200 des collections mondiales sur ARTNET. D’octobre 2023 à janvier 2024, LILLE3000 accueillait une partie de la collection belge pour l’exposition "Au bout de mes rêves" au Tripostal. Deux étudiantes du M2 (promo 2023-2024) y ont travaillé en tant que médiatrices culturelles et ont pu rencontrer les collectionneurs. L’une d’elles nous parle de la collection et de l’exposition.

Qui sont les Vanhaerents ?

Walter Vanhaerents reprend l’entreprise familiale «Vanhaerents NV» et commence à assouvir sa soif d’art dès la fin des années 1960. Il collectionne d’abord des œuvres d’artistes locaux. Cependant, suite à divers voyages et en découvrant d’autres artistes, Walter Vanhaerents comprend que l’art contemporain ne peut pas se limiter à un pays. Il s’agit d’œuvres qui prennent plus de sens dans un contexte mondial. Au début des années 1970, il revend l’intégralité de sa collection et la recommence en achetant une œuvre d’Andy Warhol. La collection ne cesse de s’agrandir. Au départ, Walter Vanhaerents s’occupe plutôt seul de la collection. Mais, il est toujours épaulé par Bernise, sa femme.

Depuis 2018, ses enfants, Jost et Els, contribuent à la vie de la collection. Ils participent aux achats des œuvres et à la compréhension des expositions. Aussi, c’est Jost qui a réalisé la visite de l’exposition Au bout de mes rêves aux équipes de LILLE3000. Par la suite, Jost et Els ont réalisé régulièrement des visites en néerlandais, et parfois en français.


Alors comment constitue-t-on une telle collection ?

La Vanhaerents Art Collection est la seule collection belge présente dans le top 200 Collectors d’ARTNET qui reconnaît et honore les collectionneurs internationaux pour leur dévouement à l’art. D’abord, la famille Vanhaerents tente d’acheter au plus tôt dans la carrière des artistes. Ils entretiennent ensuite un lien avec les artistes afin de savoir comment ils vont, vers quoi évolue leur travail et quels sont leurs nouveaux sujets de créations.

Jost nous a confié la manière dont son père acquiert ses œuvres. Des amis de la famille lui ont déjà demandé comment acheter de l’art, comment il était parvenu à une telle collection. Walter aurait répondu que l’essentiel n’est pas la côte de l’artiste. En effet, le père de famille achète avec le cœur, de cette façon, l’œuvre ne sera jamais un mauvais achat puisqu’elle plaira toujours au collectionneur. Après un coup de cœur de visuel, Walter va demander à l’artiste de lui expliquer son travail afin de mieux comprendre ce qu’il observe. Si la pensée de celui-ci lui plaît et que le prix correspond à ses moyens, il achète l’œuvre.

Par sa taille, la collection a très vite eu besoin d’un espace dédié pour être conservée. Grâce au cabinet d’architectes belges : Robbrecht and Daem, la collection Vanhaerents prend place dans un ancien dépôt agro-alimentaire au cœur de Bruxelles. Cet espace représente environ 3500 m² et est visible un samedi par mois, sur rendez-vous.

Le rêve Vanhaerents

Depuis 2007, le Tripostal, une salle d’exposition gérée par LILLE3000, accueille tous les 2 à 3 ans une collection d’art contemporain publique ou privée. Avec environ 6000m² de surface exposable, La structure se fait connaître et est parvenue aux oreilles de la famille belge.

Aussi, en 2015, alors que Walter Vanhaerents expose à la biennale de Venise, il rencontre Martine Aubry, mairesse de Lille. Ils échangent et le père de famille lui fait part de son envie d’exposer au Tripostal. Ainsi, en 2023, son souhait est exhaussé avec Au bout de mes rêves.

La sélection des œuvres et leur emplacement dans les différentes salles furent établies par Walter Vanhaerents et par la commissaire d’exposition. Le défi était d’exposer au maximum des artistes n’ayant pas encore été montré dans l’institution lilloise qui en a déjà accueilli un grand nombre. 

Au bout de mes rêves

Du 6 octobre 2023 au 14 janvier 2024, 75 œuvres de 60 artistes internationaux ont été exposées à un public majoritairement français et belge. À travers cette exposition, tous les continents étaient représentés et les installations offraient de belles réflexions sur notre société et son fonctionnement.

Dès le début, l’exposition immerge le visiteur dans les Cloud Cities : mise-en-Aéroscène de Tomás Saraceno où la société flotte au grès des courants d’air. Le rez-de-chaussé continuait vers d’autres mondes imaginaires avec les installations sans fond de Ivan Navarro où un jeu de miroir et de néons crée des «tunnels magiques».

Les premières salles du premier étage regroupent des créations d’artistes noirs offrant différentes manières de réintégrer positivement la communauté noire et métisse dans l’histoire de l’art. Des pans de l’histoire de ces communautés émergent. Ainsi, le ghanéen Otis Kwame Kye Quaicoe nous confronte à Kortnee Solomon, une exceptionnelle rodéo cow-girl afro-américaine. Il permet de faire découvrir l’existence des cow-boys noirs de la fin du XIXe siècle.

Les espaces suivant permettent de comparer deux courants d’art contemporain japonais :

- le côté traditionnel avec Oneness, une installation interactive de Mariko Mori, permettant d’aborder le shintoïsme ;

- et l’esthétique manga du collectif Kai kai Ki ki de Takashi Murakami, alertant sur des sujets graves comme la représentation des femmes au travers de couleurs vives et des grands yeux caractéristiques de la pop culture nippone.

Deux Françaises font parties du lot d’artistes. Laure Prouvost, originaire de Croix, offre une de ses pieuvres, symbole de maternité, sous forme de la fontaine This means évoquant l’ouverture culturelle qu’apporte l’étude d’une nouvelle langue. Tandis qu’au dernier étage, Marguerite Humeau nous présente Edwina, Amelia et Antonia, trois éléphantes d’un univers parallèle où cette espèce développe le langage et prend la place des êtres humains.

Finalement, la visite s’achève au deuxième étage au travers d’œuvres évoquant la transformation des êtres et des idées, comme dans un rêve dystopique. Le canadien David Altmejd y présente les 6 métiers qui, selon lui, ont permis de faire évoluer l’humanité. Réfléchissant la lumière grâce à leurs miroirs, ils créent une dernière immersion figeant les visiteurs au milieu de ces colosses en transformation.

À travers ce voyage au cœur de la collection Vanhaerents, nous pouvons observer l’espoir d’un avenir plus doux après la violence et la destruction, la volonté de se diriger vers une société plus écoresponsable, plus attentive aux humains et à leurs individualités, un monde où les discriminations envers les minorités s’effaceraient. Au bout de mes rêves, tout comme la chanson de Jean-Jacques Goldman dont s’inspire l’exposition, nous permet de rêver et d’imaginer les scénarios les plus fous pour un avenir où la raison s’achève…

Sources

Infos pratiques dans Au bout de mes rêves - Lille3000 : URL : https://auboutdemesreves-lille3000.com/ (consulté 08/02/2024).

About the collection dans Vanhaerents Art Collection : URL : https://vanhaerentsartcollection.com/ (consulté 01/02/2024).

Art collection à Bruxelles dans Infos lux, 17 mars 2022 : URL : https://www.info-lux.com/artcollection-a-bruxelles/actualites/ (consulté 01/02/2024).