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Un an après - « La Grande Guerre à travers ses objets » : la médiation d’une exposition réalisée en deux mois

Comment imaginer une médiation innovante et immersive sur la vie des Poilus en à peine deux mois ? C’est le défi que quatre étudiant.e.s du master Patrimoine et Musées ont eu à relever pour leur exposition « La Grande Guerre à travers ses objets ». Retour sur une première expérience formatrice pour Lucie Roessel, Noriane Vanden Broeck, Timothée Zwierzchiewski et Helena Correia.

Article de Helena Correia

Développement

Réaliser une exposition en à peine quelques mois, c’était un véritable défi pour les étudiant.e.s de master 2 Patrimoine et Musées de l’Université de Lille. Cette exposition appelée « La Grande Guerre à travers ses objets » a eu lieu les 11, 13 et 14 novembre 2023, à la mairie de Verlinghem, commune du Nord de la France. L’un des objectifs de cette exposition est de valoriser une collection privée d’objets de la Première Guerre mondiale qui n’avait jamais été exposée auparavant. Les étudiants, par cette exposition, souhaitaient  mettre en avant le quotidien des Poilus par leurs objets.

Ce conflit dévoile le manque de préparation de l’armée française au début du conflit, à la fois dans son équipement et dans ses armes. Cette guerre révèle également de grandes évolutions scientifiques et technologiques. Dans cette exposition chrono-thématique, il est possible d’admirer quatre mannequins portant un uniforme et une centaine d’objets répartis en quatre thèmes. (cf. article Lucie Roessel).

L’un des principaux enjeux d’une exposition comme cette dernière est la médiation : comment parler de la guerre à ses visiteurs ?


Un défi de taille : une médiation pour les adultes et pour le jeune public

Afin de faciliter la compréhension de la guerre, il a été décidé de mettre en place une médiation de salle présentant les informations principales aux visiteurs, avec des cartels pour chaque thématique abordée ou chaque objet présenté. L’intérêt de ce type de médiation, notamment des cartels, est de faciliter la visite des visiteur·ices qui peuvent suivre l’exposition seuls, tout en ayant à disposition toutes les explications nécessaires à leur compréhension. Ainsi, pas besoin de médiateur culturel pour comprendre ! Mais rassurez-vous, des médiateurs·ices se tiennent à disposition des visiteur·ices afin de pouvoir répondre au mieux à leurs interrogations.

Le fait de pouvoir toucher un uniforme de reconstitution de 1915 et de pouvoir porter un casque Adrian de reconstitution a permis également aux visiteurs de se rendre compte de la réalité des uniformes : le grammage et les mailles du tissu, sa chaleur mais aussi le poids du casque. Une initiative qui a beaucoup plu. D’habitude, le visiteur est invité à ne rien toucher. Ici, permission accordée !

Dans un esprit plus ludique, une mascotte a été créé pour le jeune public : Marcel, le petit poilu ! Il a aussi bien plu aux adultes qui se sont prêtés au jeu de le chercher dans la salle. A la clé ? Des explications simplifiées et des faits étonnants expliqués aux enfants. Ce parcours jeune public permet une plus grande compréhension pour ce dernier, qui se sent inclus dans l’exposition.  

De même, petits comme grands ont profité d’une chasse au trésor. Le but ? Trouver tous les objets de la liste. Ainsi, il est nécessaire pour les visiteurs d’être attentifs à chaque vitrine. De quoi apprendre en s’amusant ! Ils ont ainsi pu observer en détails les décorations des douilles réalisées à la main dans les tranchées ou en usine, des affiches exposées comme l’ordre de mobilisation et d’autres objets aussi étonnants qu’informatifs.

Comment parler de la guerre aux enfants ?

“Devoir de mémoire” : ces mots parlent très certainement aussi bien aux professionnels de musées qu’aux écoliers. Cette exposition s’inscrivait dans ce fameux devoir de mémoire, dans cette volonté de transmission d’une histoire : celle des Poilus. C’est pour cela que les étudiant.e.s du master ont décidé de se rapprocher des écoles primaires de Verlinghem. Ils ont ainsi accueilli des classes allant du CE1 au CM2. Les classes sont séparées en  deux groupes : un pour la visite et un second pour l’atelier. Chaque activité a duré 30 minutes.

Le fait d’avoir des groupes plus petits a facilité la visite et la transmission d'informations. Pendant que le premier groupe visitait l’exposition, le second réalisait des activités sur table. Pour ceux visitant l’exposition, ils étaient de nouveau divisés en deux : une moitié abordait l’évolution de l’uniforme tandis que l’autre moitié voyait chaque thématique abordée au sein des vitrines avec les objets exposés puis, inversement.

Concernant les ateliers, les élèves de CE1 et CE2 ont pu visiter l’exposition tout en complétant leur chasse au trésor. Ils ont ensuite pu, dans un atelier dirigée par deux médiatrices, assembler et colorier un soldat articulé. Chaque élève est reparti ensuite avec un livret de jeux à faire à la maison.  

Concernant les CM1 et les CM2, ils ont également bénéficié de la chasse au trésor et du livret de jeux. Le temps consacré au livret de jeux est plus important, car la discussion est plus active : ils apprennent la Première Guerre mondiale à l’école. Les enfants ont pu toucher une douille décorée et en apprendre plus sur le rôle des femmes dans cette guerre par la figure de Marie Mervingt.

L’intérêt de cette médiation avec les scolaires était de pouvoir transmettre un savoir, en faisant participer les élèves : le but était de les intéresser. Ils ont été actifs et devaient chercher les informations dans l’exposition, ce qui les a poussés à être attentifs.
 

Bilan de l’exposition

« La Grande Guerre à travers ses objets » a accueilli plus de 400 visiteurs en à peine trois jours. Avec des articles parus comme celui de La Voix du Nord, elle est parvenue à faire parler d’elle dans la région. Qu’en a pensé son public ? Pour eux, ce fut également une réussite ! Beaucoup d’adultes ont apprécié l’initiative d’aborder la guerre et notamment d’avoir eu une pensée particulière envers les enfants : la chasse au trésor a eu un certain succès auprès de ces derniers. Cependant, celui qui a eu le plus de succès fut la petite mascotte de Marcel le Poilu, qui a guidé tout au long de l’exposition aussi bien les petits que les grands. La médiation de cette exposition, bien que réalisée en à peine deux mois, a réussi à charmer son public. Cette première expérience dans le monde professionnel sur le plan de la médiation a été aussi enrichissante que formatrice pour ces quatre étudiants.